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La Messe traditionnelle :
hier, aujourd'hui, demain

par Le Baptistère

 

 

Dans le cadre de l’année de l’Eucharistie, voici quelques réflexions (et pistes de réflexions) à propos de notre attachement à la liturgie traditionnelle.

 

Après 35 ans d’application par la très grande majorité des prêtres (et par conséquent des fidèles) du Novus Ordo Missae de 1969, il convient de se demander ce qui fait que des jeunes, des familles, des catholiques demandent encore la célébration de ce qu’on appelle : la Messe traditionnelle, la Messe en rite tridentin, la Messe de Saint Pie V, la Messe selon les livres liturgiques de 1962, la Messe antique ou encore l’« ancienne Messe »… multiples appellations pour une seule réalité liturgique : une Messe célébrée en latin, « orientée » (c’est à dire tournée vers Dieu), avec des rites définis (par ce qu’on appelle les « rubriques ») marquant toute la révérence et la solennité qu’on doit au Culte Divin, le mystère et le silence au moment de la consécration en sont partie intégrante...

Ce rite tridentin unifié par le Pape Saint Pie V s’est forgé au long des siècles. Saint Pie V par sa Bulle « Quo Primum tempore » de 1570 l’a inscrit à perpétuité dans le « patrimoine » liturgique de la Sainte Église1.

Le Cardinal Stickler, ancien préfet des Bibliothèques vaticanes, a rappelé que les Cardinaux réunis par le Saint Père pour statuer sur la question de « l’interdiction de la Messe tridentine » avaient confirmé que la Messe de Saint Pie V n’a jamais été supprimée par le Pape Paul VI.

Les Cardinaux et le Pape lui même ont largement contribué à réaffirmer la place que tient le rite de Saint Pie V dans l’Eglise2 d’aujourd’hui.

 

Notre attachement à cette liturgie n’est pas une question de sensibilité qui réduirait la Messe traditionnelle : au latin, au chant grégorien, à l’encens… et à une notion de beauté qu’on pourrait reprocher de « trop » personnelle.

 

La Messe, notre joie

La Messe traditionnelle, dans ses rites, exprime avec une plus grande « intensité » la renouvellement du Sacrifice du Christ sur la Croix. La révérence à la présence réelle de Notre-Seigneur dans la célébration de Saints Mystères est intrinsèque à la liturgie. Notre âme n’a qu’à se laisser guider sans effort. La richesse du rite, de toutes ses prières sont une nourriture quotidienne inépuisable.

Nous devons être empreints de joies de savoir que nous prions, nous nous sanctifions avec la liturgie qui nourrit l’Église depuis des siècles. Nos aïeux y ont trouvé leur nourriture spirituelle. Les grands Saints ont nourri leurs œuvres apostoliques à cette liturgie, humblement à la place qui est la nôtre nous voulons profiter de la grandeur de cette forme liturgique.

 

La Messe, notre refuge

Cette liturgie a forgé l’unité de l’Église pendant des siècles. Le voyageur n’aura aucune peine à faire son devoir dominical dans un pays lointain (mais aussi, proche de chez lui), puisque s’il y retrouve la liturgie traditionnelle, il pourra goûter aux joies de l’universalité de l’Église dans son rite traditionnel. Il y trouvera la Messe célébrée exactement de la même manière que là où il a l’habitude d’aller le dimanche. Ce rite « vénérable » célébré pendant des siècles dans toutes les églises d’Occident et aujourd’hui partout où nos Pasteurs exercent leur bienveillance est le ferment d’unité de notre Sainte Mère.

Dans l’adversité, notre liturgie est notre refuge. Face à la crise de l’Église, à la perte du sens du Sacré, la liturgie traditionnelle apporte la « transcendance », la « verticalité » qui nous aident à faire notre pèlerinage terrestre en goûtant aux mystères divins.

Force est de constater que la réforme de 1969 a tellement voulu mettre au niveau des hommes la célébration liturgique, qu’elle lui en a fait perdre une partie de substance. N’oublions pas que la liturgie (liturgia : service du culte rendu à Dieu) est avant tout théocentrique, c’est tournée vers Dieu. Le prêtre est l’instrument puisqu’il agit in persona christi. Ces évidences sont malheureusement mises à mal dans des célébrations où l’aspect communautaire semble annihiler la place et le rôle du prêtre.

La disparition du latin et du grégorien, l’affaiblissement du Sacré dans la liturgie post-conciliaire pourrait aussi sous-tendre que les hommes et les femmes du XXème et XXIème siècles seraient plus idiots que leurs pères puisqu’ils ne seraient plus capables de comprendre la langue latine ! A l’heure où on nous annonce que 80 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat en France… les faits sont plus plutôt surprenant.

Demandons à nos Pasteurs cette liturgie parce que celle-ci sanctifie nos âmes.

 

La Messe, notre Espérance

Au regard de ces dernières années, on peut parler d’avancées... Beaucoup d’Évêques, plusieurs Cardinaux ont accepté de célébrer la Messe traditionnelle. Dans les diocèses, nos Pasteurs ont accordé des célébrations dans le rite de Saint Pie V, certes beaucoup de diocèses n’ont pas cette chance… et les fidèles doivent renouveler leurs filiales demandes à temps et à contre temps… Nos Pasteurs ne peuvent pas rester insensibles à nos demandes… alors que la pratique religieuse ne cesse de baisser ! Notre zèle doit être renouvelé par tous les discours romains de ces deux dernières années. Par ailleurs, le Cardinal Castrillon-Hoyos n’a-t-il pas rappelé que nous ne sommes pas « des fidèles de seconde catégorie »3 ? Nous devons donc nous entendre de nos Évêques...

Quelle joie aussi de constater que notre mission est grande et exaltante ; dans les contacts avec des fidèles, beaucoup restent encore persuadés que la Messe traditionnelle est interdite ou  « schismatique ». Nous devons faire connaître ce trésor méconnu… comme Saint Léonard de Port-Maurice nous l’affirmait4 : « Si rare et si précieux qu’Il soit en réalité, un trésor ne saurait être estimé qu’autant qu’il est connu. Voilà sans doute, cher lecteur, pourquoi le très saint sacrifice de la Messe n’est point apprécié d'un grand nombre de chrétiens dans la mesure de sa réelle valeur : il est la plus belle richesse, la plus divine gloire de l’Église de Dieu ; mais c’est un trésor caché que trop peu connaissent ». Si nous aimons la Messe, nous devons la faire connaître, la faire aimer.

Le Saint Père a proclamé une année de l’Eucharistie, en souhaitant que le culte Eucharistique soit remis au centre de nos cités ; que cette année soit aussi l’occasion de remettre la célébration des Saints Mystères au centre de nos vies. Nous voulons la liturgie traditionnelle, alors prenons tous les moyens pour nous former, pour apprendre à la mieux connaître.

 

Soyons en convaincus notre attachement à la liturgie traditionnelle n’est pas une forme de passéisme. Cette forme liturgique a nourri les âmes depuis des siècles, nous voulons la transmettre à nos enfants pour le plus grande bien de la Sainte Église !

 

 

 

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1. « Par notre présente constitution qui est valable à perpétuité,nous avons décodé et nous ordonnons, sous peine de notre malédiction » Bulle « Quo primum tempore », 1570

2. Citons le Pape Jean-Paul II devant la Plénaria de la Congrégation pour le Culte du Divin : « Dans le missel romain, dit de Saint Pie V, comme dans diverses liturgies orientales, il y a de très belles prières avec lesquelles le prêtre exprime un sens très profond de l'humilité et de la révérence devant les saints mystères : celles-ci révèlent la substance de toute liturgie » ou encore le terme de « droit de citoyenneté dans l’Église » pour le rite de Saint Pie V évoqué par le Cardinal Castrillon-Hoyos.

3. Interview du Cardinal Dario Castrillon-Hoyos donnée le 31 mai 2004, au quotidien « Il Giornale »

4. Le Trésor caché, Saint Léonard de Port Maurice

 

 

 

Extrait du Baptistère n°12 - Janvier - Février 2005 - © Le Baptistère

 

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